RSE politique VS RSE authentique, comment faire la différence ?
Une interview avec Martine Le Jossec
Hello,
Je reviens en force pour vous partager un sujet qui me tient à coeur.
Vous aurez peut-être remarqué ma non régularité de publication ? Pour tout vous dire, j’ai des périodes où j’écris, où j’ai de l’inspi, et d’autres ou rien ne se passe… NA-DA ! Je n’aime pas me forcer, je trouve que produire du contenu pour produire du contenu ne sert à rien, et je n’ai pas envie de vous faire perdre votre temps ou d’envahir votre boîte mail. En revanche… Je reviens toujours ! ;)
J’ai remanié ce sujet qui me semble important à l’heure où dans le monde du business, la forme est souvent plus importante que le fond !
Du bullshit en 2023, est-ce que j’en veut encore ? Est-ce que quand je postule pour une boîte, je préfère qu’elle soit honnête, quitte à ne pas être parfaite ? Ou je préfère qu’elle me présente les 20% de ce qu’elle fait : diversité - inclusion - bien-être au travail - durabilité - écologie - éco responsabilité ? Sachant que les 80% restant reflète finalement la vraie image de la boîte !
Est-ce que j’ai envie de rejoindre une boîte pas parfaite et qui le sait ? Qui l’assume dans sa comm’ ? Ou une boîte qui cherche à me rassurer avec les bons mots clés, mais qui me fait entrer en dissonance avec moi-même par la suite ? Est-ce que je cherche l’authenticité plus que le politique ?
Il y a 1 an, j’avais publié : Greenwashing - Comment décrypter les engagements de mon futur employeur ? qui avait beaucoup plu !
Cette fois-ci c’est Martine Le Jossec, fondatrice d’une agence de communication RSE à qui j’ai posé mes questions sur le sujet. Elle nous parle de la RSE sous l’angle de la communication et nous partage son point de vue sur le Social Washing. Une démarche qui consiste à masquer de mauvaises pratiques et conditions de travail en interne, via différents outils de communication. Elle nous donne ses pistes pour comprendre comment le reconnaître...
“Quand on parle RSE, on voit souvent la dimension environnementale et les aspects sociaux sont moins ressentis avec un caractère d’urgence, alors qu’ils le sont tout autant : l’un ne va pas sans l’autre.”
Quelle est la place que vous donnez à la RSE dans votre agence ?
Dans mon agence je n’ai pas de collaborateur, je travaille avec des partenaires. Je travaille donc de chez moi et je n’ai pas de voiture. J’imprime au minimum. Concernant mon impact, c’est plus dans le choix des clients avec lesquels je vais travailler que ça se joue : il faut qu’il y ait du sens, que leur mission soit utile au niveau économique et sociétal. Je collabore beaucoup avec des acteurs de la culture, de la santé par exemple. Je n’ai pas établi de charte RSE pour l’agence mais il faudrait que je me penche là dessus.. C’est toujours le cordonnier le plus mal chaussé, comme on dit !
Comment se décident les messages de communication de vos clients ?
C’est de la co-création de contenu. Je travaille main dans la main avec mes clients. Il faut qu’on soit d'accord sur l’objectif et la cible du message.
“Je préfère agir d’abord, et ensuite communiquer. Il ne faut pas que ce soit inversé : ce n'est pas la comm’ qui déclenche des choses.”
Comment évitez-vous le “washing” dans vos campagnes de comm” ?
Je préfère agir avant de déclarer. Tout le problème de la comm’, c’est qu’on fait souvent du déclaratif avant de passer à l’action. Avant de dire “On est super, on fait plein de choses pour l’inclusion”, je leur dis “Faites d’abord et on verra après.” C’est d’ailleurs ce que je me suis appliquée à moi-même : je préfère agir d’abord et ensuite communiquer dessus. Il ne faut pas que ce soit inversé : ce n'est pas la comm’ qui déclenche des choses.
À l’inverse, certaines boîtes travaillent sur la diversité mais ne le communiquent pas. C’est normal pour elles de le faire comme ça, donc elles n’en parlent pas. Pour faire de la communication en évitant le Greenwashing, il faut vérifier, en faisant un boulot de journaliste. Si par exemple l’entreprise communique sur la réduction de ses impressions, je peux être amenée à demander à mes clients “Combien d’impressions vous faisiez il y a deux ans et combien vous en faites aujourd’hui ?”
Vous connaissez bien votre métier et vous savez aller chercher des preuves. Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui se lance dans une recherche d’emploi à impact pour éviter de tomber dans les pièges du Washing ?
Pour vérifier la dimension sociale d’une entreprise, il suffit d’aller sur LinkedIn regarder les profils des personnes qui travaillent pour la boîte. Si l’entreprise parle de diversité, allez consulter les profils LinkedIn et vous verrez s'il y a de la diversité. Allez également consulter l’index d’égalité de l’entreprise, qui est une donnée publique.
Pour le Greenwashing c’est plus compliqué. Le plus souvent c’est ceux qui en parlent le moins qui en font le plus. J’ai l’exemple d’une grande entreprise qui dernièrement a fait un spot de pub pour dire “on aide les gens à évoluer dans l’entreprise”. Ils avaient une très mauvaise image sur ce point… je veux bien croire qu’ils fassent des efforts mais ça ne va pas rattraper le problème en un coup de spot publicitaire. Quand il y a des preuves, il n’y a pas besoin de faire de spots publicitaires. Et puis, le coût d’un spot publicitaire à la télévision est très élevé. Donc ça veut dire que des entreprises investissent des milliers d’euros juste pour dire “On est bien au niveau social”...Moi j’ai un truc qui clignote à ce moment-là, surtout quand le spot joue sur les émotions. Souvent c’est pour remonter une e-reputation. Pour avoir travaillé sur ces sujets de e-reputation, le premier conseil qu’on donne quand il y a une crise ou un problème, c’est de tout faire pour mettre du positif dans la tête des gens. Donc warning quand il y a trop de déclaratif !
Et comment peut-on repérer ces boîtes qui agissent concrètement mais communiquent peu ?
En allant se renseigner sur la marque, sur l’entreprise et sur les interviews des dirigeant.e.s. En allant lire ou écouter la manière dont ils.elles s’expriment et en repérant si leurs propos sont cohérents. Si on prend un.e responsable RSE, aller voir ce que faisait la personne avant : Est-ce qu’il y a une logique dans son parcours ? Si la personne a travaillé chez un grand fournisseur d’énergie carbonée avant et travaille sur un poste RSE, la contacter pour comprendre pourquoi elle a choisi de switcher. Ne pas se contenter du site internet officiel, aller regarder Twitter, les revues de presse, LinkedIn… Après il y a des trophées, mais pareil je me méfie des trophées.
Pourquoi ?
Parce qu’il faut payer pour les obtenir. Si pour candidater on est obligé de payer, il n’y a pas de sens. Je me dis que ceux qui remportent plein de concours par exemple ont une démarche d’être “reconnu comme tel” et là pour le coup, est-ce qu’il y a une vraie authenticité derrière ? C’est peut-être une question de volume des trophées gagnés, qui doit mettre le warning.
Martine ajoute que le côté sociétal d’une entreprise est tout aussi important que son côté social en interne, car il concerne directement le futur collaborateur. “C’est bien d’aller dans une entreprise qui a de beaux objectifs mais le côté social, c’est ce qui va déterminer le bien être, la considération que la personne va avoir, le fait que son avis soit pris en compte, qu’elle puisse grandir au sein de l’entreprise.”
Quelques pistes de questions à poser pour les chercheurs d’emploi :
Comment respectez-vous la parité et l’égalité salariale ?
Combien de formations vous proposez par an ?
Quelle place accordez-vous à l’intelligence collective ? à l’intrapreneuriat ?
Comment vos départements communiquent-ils ensemble, travaillent-ils ensemble ?
Comment faites-vous pour mesurer le bien-être de vos collaborateurs ?
Pour recevoir les prochains articles ou audios dans ta boîte mail, tu peux t’inscrire ici :