Et si je faisais pousser des végétaux en intérieur ?
Cultiver des végétaux hors-sols et en intérieur ?
Oui, c’est possible et ce n’est pas seulement réservé à la culture du cannabis.
Grand passionné de végétaux et de nouvelles technologies, Fabien Persico se lance en 2016 avec Urbanfarm dans l’agriculture en intérieur, pour faire pousser... les aromates ! Grâce à sa technologie, il réduit fortement la consommation en pesticides, en eau et en CO2.
Il nous explique son concept…
LE CONCEPT ET LA CRÉATION
L’entreprise est basée où ?
A Saint Jacques-De-La-Lande, à 3km de Rennes
Comment t’es venue l’idée de lancer Urbanfarm ?
Je suis un grand passionné des végétaux. J’ai passé mon enfance près de Toulouse et j’adorais me balader dans les champs de mon beau-père, agriculteur. Pendant une dizaine d’années, j’ai fait de la culture de végétaux dans ma chambre en milieu contrôlé. Je n’aimais pas les études, j’allais en cours pour faire acte de présence mais dès que je rentrais chez moi, je faisais de la veille sur les végétaux et les nouvelles technologies. En 2016 j’ai voulu concrétiser cette passion pour faire grandir des végétaux en intérieur. Ce sont toutes ces expérimentations qui m’ont permis de créer mon entreprise [...] Quand on fait les choses par passion on s’y met à fond.
Tu étais seul sur ce projet ?
Au début j’étais seul, puis très vite je me suis entouré d’associés. Environ une vingtaine : des entrepreneurs bretons et parisiens qui ont investi dans la société.
Qu’est-ce qu’Urbanfarm concrètement ? Peux-tu nous expliquer le concept ?
Chez Urbanfarm on fait de la culture de végétaux en containers. On a mis au point un container maritime de 26m2, qui peut produire autant de plantes que sur 2 hectares de terrain. En les réunissant par 3, on est capable de produire 200 000 plantes par an. Dans un premier temps on a sélectionné les plantes aromatiques car c’est un marché de niche.
Quels sont les équipements utilisés à l’intérieur des containers ?
On a un système hydroponique (technique de culture hors-sol) qui nous permet d’économiser 98% d’eau. Il comporte des filtres et des leds ultraviolets pour tuer les mauvaises bactéries qu’il peut y avoir dans l’eau. Les leds sont basse consommation et elles ont un spectre violet adapté à la culture des plantes aromatiques. On a aussi plusieurs capteurs dans l’eau et dans l’air. Les capteurs d’air permettent de mesurer les conditions climatiques : taux de Co2, humidité et les capteurs d’eau : l’acidité et humidité dans l’eau.
CLIENTS
Qui sont tes clients ?
On produit dans les Farms Box à proximité des commerces alimentaires et les plantes aromatiques sont livrées aux hypermarchés et supermarchés comme les Leclercs. Pour l’instant on livre principalement à Rennes et en 2021 on attaquera Nantes.
Comment ça se présente en magasin, chez le client ?
En magasin, on place les plantes dans des meubles hydroponiques : il y a un système d’irrigation intégré dans le meuble. Les plantes poussent directement dans le magasin et elles peuvent rester plus de 15 jours dans le meuble. Cette technique permet de garder une extrême fraîcheur du produit et de les conserver longtemps.
Tu leur vends aussi des containers ?
Pour l’instant on vend les plantes pour prouver que notre modèle économique est rentable. Une fois qu’on aura prouvé la rentabilité, on vendra des containers.
ENGAGEMENTS ACTUELS ET À VENIR
Qu’est ce qui fait qu’Urbanfarm est plus écologique qu’une autre ferme ?
· Grâce aux containers, on réduit la surface utilisée au sol et on économise 98% d’eau car c’est toujours la même eau qui est retraitée. Dans l’agriculture traditionnelle on est sur 25l d’eau en moyenne par plante et là on utilise 15cl par plante.
· Les containers sont placés à maximum 15km des enseignes ce qui limite les émissions de C02.
· On n’a pas besoin d’utiliser des pesticides, on utilise des insectes pour les remplacer
· Les graines utilisées sont certifiées bio.
· Si je compare à des concurrents d’herbes coupées en rayon : il y a 40% de perte sur la production alors que nous on est inférieur à 1% de perte en rayon car ce ne sont pas des plantes mortes mais vivantes.
· Enfin, on se démarque aussi car il n’y a pas d'emballage, les consommateurs viennent cueillir le bouquet dans le meuble en magasin.
Quels sont tes enjeux actuels et futurs ?
Jusqu’ici je voulais qu’on soit rentable au niveau de la vente des plantes. Actuellement beaucoup de fermes urbaines ne misent pas sur la rentabilité. L’idée c’est de participer à l'émergence de ce nouveau modèle agricole qui soit bon pour la planète, et pour l’humain et tout le monde est gagnant sur toute la chaîne.
Quant aux enjeux futurs, ce serait d’investir dans de nouvelles technologies. Il existe certaines technologies qui sont intégrées aux containers qui permettent d’économiser 100% d’eau. Il y a aussi des machines qui pourraient déshydrater l’air.
Un des projets est de réaliser des tests avec des panneaux solaires pour réduire la consommation d’électricité. Sinon, on va continuer à améliorer le rendement des végétaux. Dans 10 ans, je pense que l’agriculture en containers en milieu contrôlé sera une solution pour certains pays où l’agriculture est difficile comme au Québec.
FINANCEMENT
Comment es-tu financé ?
Au niveau de la distribution du capital, je suis l’actionnaire majoritaire. Ensuite, j’ai 20 associés/investisseurs Business Angels.
Peux-tu me donner des exemples d’associés ?
J’ai par exemple le co-fondateur de Phénix qui lutte contre le gaspillage alimentaire dans la grande distribution. Le fondateur de Wamiz, un site internet d'informations et de conseils pour les propriétaires d'animaux de compagnie. Mes autres associés, ce sont des entrepreneurs de tous domaines.
Je suis aussi accompagné par la région et je fais partie de réseau entreprendre de la French Tech et je suis actuellement en période de levée de fonds. Jusqu’ici j’en ai fait 3 et j’en prépare une prochaine.
L’EQUIPE
Tu as une équipe à tes côtés ?
J’avais 2 collaborateurs salariés qui m’ont aidé sur la partie agronomique et mise en place de la box. Aujourd’hui je suis de nouveau seul pour l’instant et j’ai une vingtaine d’associés.
Est-ce que tu as déjà pensé au style de management que tu aimerais instaurer quand tu auras une équipe à tes côtés ?
J’aimerais fonctionner sur le modèle de l’entreprise libérée : qu’il y ait plusieurs têtes à prendre les décisions plutôt qu’une seule et que les collaborateurs se sentent bien.
RECRUTEMENT
Est-ce que tu prévois de recruter prochainement ?
J’aimerais recruter 3 postes :
📢 2 profils cultivateurs
Chargés de semer et récolter les herbes aromatiques dans les containers, de l’entretien et de la livraison en magasin. Des agriculteurs / cultivateurs 2.0
Je n’attends pas de diplôme spécifique pour ce poste, je cherche des gens passionnés et qui s’y connaissent dans la culture des plantes.
📢 Un ingénieur agronome fin 2020
Chargé d’améliorer la productivité et la qualité dans le container.
Et de la gestion de la lutte biologique : comme on n’utilise pas de pesticides, on fait des lâchers de coccinelles.
L’agriculture urbaine, en intérieur chez Urbanfarm, ça te tente ?
Pour plus d’infos 🧐
Ted Talks – L’agriculture urbaine en intérieur, un pari 100% naturel
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