Et si je collectais les biodéchets de la ville pour qu’ils puissent être valorisés au lieu d’être incinérés ?
C’est pendant leurs études que Simon Lainé et Caroline Tinel commencent à s’intéresser aux biodéchets. Notamment, pendant une année passée au Québec, où ils se rendent compte que la valorisation de ces déchets y est beaucoup plus présente et démocratisée qu’en France. En rentrant à Rouen, ils décident alors de consacrer la fin de leurs études à la concrétisation d’un projet dans ce domaine ; projet qui deviendra TerraLéo, une entreprise de collecte des biodéchets des PME et TPE françaises.
Voici notre échange avec Simon....
CONCEPT ET CREATION
Quel est ton parcours et comment tu en es arrivé à créer TerraLéo ?
Je vais parler pour deux : Caroline et moi nous nous sommes rencontrés en école de commerce, à Rouen. Après nos études, on avait l’envie d’avoir un projet qui ait du sens et on a suivi des sessions de sensibilisation à l’économie sociale et solidaire organisées par l’Adress de Normandie, une structure qui aide les entreprises et associations de l’économie sociale et solidaire à se développer et qui sensibilise les personnes intéressées par ce secteur. Cette formation a planté une petite graine… puis on a repris nos études avec un Master en gestion de l’environnement. La première année on est parti au Québec. Là-bas, tout le monde avait des poubelles pour les déchets organiques. La ville collectait ensuite ces déchets et il y avait une distribution gratuite du compost aux habitants. On a trouvé le concept intéressant et lorsqu’on est rentrés en France pour notre dernière année de Master, on a commencé à vraiment s’intéresser à la problématique des biodéchets alimentaires. On a remarqué qu’il y avait toute une réglementation, dans le cadre le la loi de transition écologique pour la croissance verte, qui poussait les professionnels à mettre en place le tri et à valoriser séparément les déchets alimentaires. Hors, les grands acteurs de collecte des déchets s'intéressent aux grands volumes et donc aux grands groupes et n’ont pas de solutions à offrir aux TPE/PME qui ont de plus petits volumes. On a donc développé un projet autour du traitement des biodéchets des TPE/PME pendant notre dernière année de Master. On a ensuite monté une association, puis on a basculé sur le modèle de la société coopérative. On a lancé l’activité en septembre 2018, il y a 2 ans.
Quel est le concept ? quelles sont vos offres ?
On considère que le tri des recyclables touche 100% de la population et que le tri des biodéchets concerne 10% de la population : particuliers ou professionnels.
On a donc mis en place plusieurs services pour valoriser les biodéchets des entreprises et particuliers :
- Un service de collecte en camion, qui s’oriente vers les structures de restauration collective des établissements scolaires, Ehpad, établissements de santé.
- Un service de collecte à vélo pour la restauration commerciale classique et les petits commerces alimentaires, dans le centre ville de Rouen, en partenariat avec Toutenvélo Rouen.
- Et enfin, on forme et on sensibilise : on forme au compostage sur site en accompagnant toutes les structures qui font appel à nos services pour la valorisation des biodéchets, dans la mise en place du tri. On fait aussi de la sensibilisation auprès des personnels de restauration, des classes dans les écoles.
Où sont acheminés les biodéchets ensuite ?
Chez un agriculteur, à 40 Km de l’agglomération de Rouen, qui fait de la valorisation énergétique via la méthanisation. Il a des méthaniseurs agricoles pour traiter les biodéchets et créer du biogaz avec. Puis, il valorise une partie du biogaz dans son réseau de chaleur dans son exploitation agricole et une autre partie va être transformée en électricité et réinjectée dans le réseau ERDF. Chez TerraLéo, on a plus de 50 points de collecte, ce qui correspond à 25/30 tonnes de biodéchets valorisés en biogaz.
Sinon sur la collecte en vélo on fait le compostage nous-même, sur un terrain proche de notre siège. Ce terrain nous sert également de support pédagogique pour les formations au compostage.
CLIENTS
Qui sont tes clients ?
Des villes, comme Rouen, Malaunay. Des grands groupes de la restauration collective comme Elior et également Convivio qui nous a aidé à entrer dans les cantines des lycées.
Sur la collecte en camion, on a au total plus de 50 points de collecte : des restaurants qui font dans les 50 repas pour les petites écoles jusqu’à 1500 repas par jour dans les universités.
ENGAGEMENTS
Quels sont vos engagements actuels et à venir ?
De part la nature de notre structure et des services qu’on rend, on est très engagés.
- Concernant notre statut de société coopérative :
Toutes les personnes qui rentrent chez TerraLéo en CDI ont la possibilité de devenir actionnaires au bout de 2 ans, donc forcément ça redéfinit les relations qu’on a au travail.
Aussi, au niveau des retombées financières, dans une entreprise, l’argent est distribué aux actionnaires et dans un second temps est injectée dans l’outil de production. Nous, c’est le contraire : l’argent est d’abord réinvesti dans l’entreprise et ensuite aux sociétaires (les employés). C’est donc le fonctionnement de l’activité qui est priorisé.
- Ensuite, concernant l’activité en elle-même :
Pour cette 2ème année d’activité, on est dans nos objectifs : on voulait collecter 200 à 300 tonnes de biodéchets et on y est parvenu.
On essaie ensuite de faire attention à notre impact au quotidien. Lorsqu’on achète du matériel par exemple (sacs à biodéchets biodégradables, tables de tri, composteurs,...), les fournisseurs sont à minima français ou dans le département. Nos camions roulent au biogaz.
Sinon au niveau social, on aimerait faire de l’emploi d'insertion, notamment sur le métier de chauffeur.
EQUIPE
Combien êtes-vous aujourd’hui dans l’équipe et qui fait quoi ?
On est 5.
Caroline et Moi on est gérants. Caroline s’occupe de la partie administrative, de la gestion du personnel et de la gestion commerciale. Je m’occupe du développement commercial et logistique.
Ensuite on a Florent, qui est animateur/formateur, Lucie chargée de communication et qui fait aussi un peu de formation. Et Giovan qui est chauffeur.
Tout le monde est en CDI sauf Lucie qui est en alternance.
CULTURE
Comment tu définirais la culture d’entreprise chez TerraLéo ?
C’est une culture très participative : Connaître la vision des membres de notre équipe nous intéresse beaucoup. On sollicite beaucoup nos employés pour qu’ils soient très vite indépendants et force de proposition. C’est d’ailleurs dans l’ADN de l’économie sociale et solidaire.
RECRUTEMENT
On cherche pour le moment un autre chauffeur de camion
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