L’industrie audiovisuelle se bouge aussi pour la planète
Quand on regarde un film au cinéma ou notre série préférée à la maison, on ne pense pas forcément à tout ce qui est mis en place derrière l’écran pour nous offrir ce moment d’évasion. On pense encore moins à leur impact écologique, n’est-ce pas ?
Pourtant, si les acteurs de l’audiovisuel ne s’intéressent pas à l’impact de leurs choix en coulisse, comme les matériaux utilisés ou la nourriture commandée pour approvisionner des équipes de plus de 100 personnes sur des tournages de plusieurs semaines, la note carbone peut vite grimper.
Basée à Paris, l’entreprise Secoya Eco-Tournage accompagne les acteurs de l’audiovisuel sur la mise en place de pratiques éco-responsables sur les tournages, afin de réduire l’impact environnemental du secteur.
J’ai eu un échange très intéressant avec un membre de l’équipe Secoya : Alison Begon, qui a rejoint l’entreprise il y a tout juste un an. Elle nous rappelle que l’éco-responsabilité est une véritable démarche collective et qu’il est difficile voire impossible d’y arriver seul.
Voici ce qu’elle nous dit....
LE CONCEPT ET LA CRÉATION
Qu’est ce qui a amené les fondateurs à créer Secoya Eco-Tournage ?
Secoya à 2 ans. Elle a été co-fondée par Mathieu Delahousse et Charles Gachet-Dieuzeide, 2 régisseurs de cinéma, qui se sont rendu compte au fur et à mesure des années que c’était un milieu très énergivore. Sur les tournages, ils ont pris conscience qu’il y avait beaucoup de gaspillage et qu’il n’y avait pas de réflexion en amont pour l’éviter. À titre personnel, ils avaient commencé à se tourner vers l'éco-responsabilité. Ils ont en revanche trouvé difficile de le faire seuls et sans moyen sur des tournages et c’est pourquoi ils ont créé Secoya.
Je les ai rejoints il y a 1 an exactement pour les mêmes raisons. À la base, je suis directrice de production en publicité et en télévision. J’ai commencé à avoir des convictions persos et à mettre de l’éco-responsabilité dans mon quotidien. Je n’ai pas réussi à le faire au travail alors que j’étais à un poste de direction. J’avais en main le budget, les équipes et malgré ça, je n’ai pas réussi à le mettre en place toute seule, parce que mon urgence c’était toujours la prod et pas l’éco-responsabilité. J’ai découvert Secoya il y a 1 an pendant une conférence et je les ai rejoints pour développer le pôle publicité.
Avant qu’on s’appelle, j’ai vu la vidéo de Brut avec Charles Gachet-Dieuzeide qui explique que dans le film de James Bond par exemple, 30 millions d’euros de voitures ont été envoyés à la poubelle. Ce genre d’exemple, on n’y pense pas quand on va au cinéma. Chez Secoya, quelles sont les solutions que vous proposez ?
Evidemment le cas James Bond, c’est un cas d’école. Chez Secoya, on ne va pas du tout contre la création, car si on devait être parfait et éco-responsables à 100%, on arrêterait de produire des films. Notre but c’est de produire de manière plus réfléchie et plus vertueuse.
Concrètement, chez Secoya on fait du conseil en amont et de l’accompagnement tout au long de la production, de la prépa au tournage et jusqu’à la post production ou même la plateforme de diffusion…L’idée, c’est vraiment de reprendre tous les corps de métier et de les amener à travailler de manière vertueuse. On arrive dès la naissance du projet pour aider les prestataires existants et les équipes à faire au mieux : ça passe soit par de nouvelles méthodes, soit par de nouveaux prestataires. Par exemple, une des premières choses qu’on peut faire bouger sur un tournage c’est l’alimentation et les déchets. Côté alimentation, on conseille la régie pour qu’ils achètent local, en vrac, des produits de saison... Tout ça peut sembler être du béaba, mais en fait pas du tout, et surtout à grande échelle : quand on fait ses courses pour soi c’est facile et cool quand on fait les courses pour 8 semaines de tournage et 50 personnes, c’est une autre échelle, c’est bien de pouvoir s’appuyer sur notre réseau. On va aussi réfléchir à faire évoluer la cantine par exemple, l’idée n’est pas de faire forcément appel à d’autres prestataires mais de faire évoluer les pratiques chez les prestataires historiques.
CLIENTS
Qui sont vos clients ?
Des fictions pour le cinéma ou la télévision, de la publicité, des festivals, etc...On a par exemple accompagné la série Baron Noir sur Canal +. Côté publicité, on a souvent des marques, qui, lorsqu’elles lancent un produit éthique, vont vouloir que la communication et la production des contenus ( vidéos, photos) soient aussi éco-responsables.
Et on accompagne aussi les structures qui veulent vraiment améliorer leurs pratiques en profondeur et amener leur démarche RSE jusqu’aux tournages
FINANCEMENT
Comment Secoya Eco-Tournage se fait financer ?
Un financement complètement indépendant pour le moment.
ENGAGEMENTS ACTUELS ET FUTURS
Quels sont vos engagements actuels ?
- Diminuer l’impact environnemental des productions audiovisuelles, c’est notre raison d’être.
- On alimente notre écosystème tous les jours en fonctionnant avec un réseau de partenaires éco-responsables et sociaux. On fait appel à des entreprises de l’ESS. Par exemple, on a monté un partenariat avec Ecotable, une entreprise qui labellise des restaurants en se basant sur des critères environnementaux et sociétaux. Quand je suis amenée à recommander des cantines, restaurants ou traiteurs pour les tournages, Ecotable me conduit vers des restaurateurs engagés, qui par exemple se fournissent en circuits-courts, zéro déchets, ou emploient des personnes en situation difficile. D’ailleurs, on ne prend pas de commission sur les prestataires qu’on conseille : ceux sont uniquement les productions qui nous payent pour nos conseils, ça assure notre impartialité.
- Un projet qui nous tient à cœur sur la partie sociale, c’est d’intégrer des personnes en situation de handicap dans nos équipes, on discute avec Mission Handicap d’Audiens, sur ce point
- Dès le départ les fondateurs ont adhéré à 1% For the Planet. Ca veut dire qu'avant même d'avoir fait du chiffre d'affaire ils avaient déjà décidé d'en reverser 1%, c'est plutôt chic et ça représente vraiment notre éthique.
Quels sont vos engagements futurs ?
- La création d’un Label. Il suivra un cahier des charges précis pour établir ce qu’est une production responsable et éviter le greenwashing. Et pour l’engagement des productions, ça permet de fixer des vrais objectifs concrets.
- La refonte de notre site internet et de nos outils pour être moins énergivore : enlever les vidéos, avoir moins d’images... appliquer à nous-même les conseils que l’on prodigue.
- Faire grandir notre écosystème de partenaires
- Prochainement, se faire labelliser B Corp pour répondre à nos propres critères éthiques.
ÉQUIPE ET CULTURE D’ENTREPRISE
De combien de personnes est composée l’équipe et comment vous fonctionner tous ensemble aujourd’hui ?
On est 7 permanents dont 2 stagiaires. L’idée, c’est d’avoir une hiérarchie plutôt horizontale : bien sûr il y a une direction, mais on écoute autant l’avis des co-fondateurs que des stagiaires. On peut télétravailler, on est assez libre et flexible dans l’organisation.
Peux-tu m’en dire plus sur votre culture et vos valeurs communes ?
Il y a des valeurs intrinsèques à Secoya. On vient tous des tournages, et on s'est rendus comptes des mêmes problématiques. On se rejoint sur des valeurs communes éthiques, sociales et morales et on a tous voulu remettre du sens dans notre vie professionnelle pour s'aligner avec nos valeurs personnelles.
RECRUTEMENT
Est-ce que vous prévoyez de recruter prochainement ?
On recrute tout le temps. On a les 2 co-fondateurs, 3 personnes en fixe et 2 stagiaires et à côté, on a des intermittents qui viennent travailler avec nous en fonction des projets : on cherche des Eco-Manager et des Eco-Assistant régulièrement.
📢 Eco-Manager
En lien direct avec la production durant la prépa, l’Eco-Manager va l'aider à mettre en place des solutions plus vertueuses. Il supervise ensuite un Eco-Assistant sur le tournage et il rédigera un bilan écologique à la fin du projet.
📢 Eco-Assistant
L'Eco-Assistant est le garant de l'éco-responsabilité sur le tournage. Il s'assure que les recommandations mises en place soient tenues et il reporte les informations nécessaires au bilan. Il a également un gros travail de sensibilisation des équipes.
Quelles sont vos attentes en termes de candidats ?
On attend des personnes :
- Qui ont travaillé en régie ou en production sur les tournages. C’est important pour nous d’avoir cette expérience de terrain.
- Qui ont envie de travailler de manière plus vertueuse
- Qui aiment trouver des solutions
- Dont la qualité principale est d’avoir un bon feeling avec les gens car on fait beaucoup de sensibilisation sur les tournages.
- Et Rigoureuses, pour les reportings
Secoya Eco-Tournage recherche des prestataires pour travailler avec eux sur les tournages…
“En effet, si vous êtes un prestataire engagé et que vous pensez avoir des solutions innovantes à nous apporter n’hésitez pas à nous contacter !”
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