Un gros mot qui traduit un vrai ressenti
En 2013, David Graeber, anthropologue et économiste américain rend le terme célèbre en publiant cet article sur le magazine Strike : On the Phenomenon of Bullshit Jobs (le phénomène des Jobs à la con). Un terme fort mais pas dénué de sens puisque l’article suscita l’intérêt de nombreux lecteurs dans le monde.
Graeber définit le "Bullshit Job" comme un emploi qui aux yeux de celui qui l’exerce, n’a ni sens, ni utilité, à tel point que le salarié lui même à du mal à justifier son existence. Il explique que les métiers les plus touchés par le sentiment d’exercer un job à la con sont les emplois de bureau, exercés par les “cols blancs”, dans des secteurs comme le management, le conseil, les ressources humaines ou encore la finance.
Parmi les centaines de témoignages que l’auteur reçu suite à la publication de l’article, en voici 2 exemples:
Alphonso, manager dans le secteur de la traduction
“Mon boulot consiste à encadrer et coordonner une équipe de cinq traducteurs. Le problème, c’est qu’ils sont parfaitement capables de se débrouiller tout seuls : ils sont formés à tous les outils dont ils ont besoin et savent très bien gérer leur temps et leurs missions.”
Tom qui travaille pour l’industrie publicitaire
“ Mon travail, c’est ça : fabriquer de la demande en créant un manque et, parallèlement, survendre l’utilité des produits proposés pour combler ce manque. Au fond, c’est plus ou moins le boulot de toute personne qui travaille dans ou pour l’industrie de la pub”
Graeber décide de théoriser le phénomène en écrivant en 2018 le livre du même nom : Bullshit Jobs.
La quête de sens au travail, plus que jamais d’actualité
Aujourd’hui, 7 ans après la parution du terme “Bullshit Jobs”, la quête de sens au travail est un sujet que l’on retrouve partout : elle fait office de recherches, de sondages auprès des collaborateurs et “donner du sens” est désormais un vrai enjeu RH et managérial.
Cependant, pas toujours facile de s’y retrouver soi-même quand ce qui a du sens pour les uns est différent de ce qui a du sens pour les autres...qu’est ce que veut dire finalement, un job qui a du sens ?
Estelle Morin, professeure en management à HEC Montréal, a travaillé sur la santé et le sens au travail. A partir de ses observations et enquêtes terrain, elle trouve six caractéristiques déterminantes d’un travail porteur de sens:
👉L’utilité du travail : un travail qui est utile pour les autres ou pour la société.
👉Les occasions d’apprentissage et de développement : un travail qui permet d’exercer ses propres compétences et aussi de se réaliser procure du plaisir.
👉Le respect des règles de morales : un environnement de travail qui respecte les valeurs humaines, la justice et la dignité humaine.
👉L’autonomie : un travail où chacun peut exercer sa propre capacité de jugement et de créativité, mais aussi être consulté pour les décisions le concernant.
👉La qualité des relations avec le management : un management qui exprime clairement ses attentes, offre son soutien en cas de difficultés, et avec qui il est possible de discuter ouvertement des problèmes.
👉La qualité des relations au sein de l’équipe : un environnement positif qui doit être encouragé par le management
Selon un sondage de L’Ifop sur la raison d’être et le sens au travail mené en janvier 2020 sur 940 salariés Français, 37% seraient prêts à gagner moins en échange d’un travail qui ait un sens. Un sentiment qu’on retrouve beaucoup chez les jeunes nés dans les années 2000 : 57 % se disent prêts à accepter un travailquipaye mal s'il a du sens d’après un sondage d’Opinion Way, relayé par Le Figaro Etudiant.
Un sujet plus que jamais d’actualité en 2020, le Covid ayant dernièrement amené de nombreuses personnes à s’interroger sur l’utilité de leur job.
Et si le sens pouvait se trouver en se sentant utile aux autres et à l’environnement ?
Il y a un an, je réalisais mon stage de fin d’études à Paris, chez Switch Collective. Lancé par Béatrice Moulin et Clara Deletraz, qui ont souhaité apporter une réponse à l’enjeu de la quête de sens au travail, Switch Collective est un organisme de formation qui accompagne des salariés, en quête de nouveaux horizons, dans la redéfinition de choix professionnels plus alignés avec leurs aspirations et valeurs personnelles. À la fin des 6 semaines du programme de formation, lorsque les participants présentaient leurs futurs projets professionnels, ces mots ressortaient très souvent : “aider les autres”, “coacher des gens”, “former”, “éduquer”, “nature”, “écologie”, “RSE".
En parallèle, je m’intéressais beaucoup aux initiatives écologiques et sociales en France et je me suis aperçue que les entreprises dans les secteurs sociaux et environnementaux se multipliaient dans notre pays et pas seulement à Paris ! Pour en citer quelques unes, il y a par exemple PowerOfMoss à Lille, qui végétalise les espaces intérieurs dans le but de les dépolluer et de les rendre plus frais, UrbanFarm à Rennes, qui propose un modèle d’agriculture plus responsable pour nourrir les villes, ou encore Adopte Un Bureau à Paris, qui recycle et revend le mobilier de bureaux des entreprises.
Je me suis dit qu’il y avait peut-être un lien à créer entre ces nouveaux chercheurs de sens et les entreprises à impact positif...
La Newsletter No bullsh*t jobs
No bullsh*t jobs est née de cette envie de mettre en lien les personnes en quête de sens dans leur job avec des entreprises à utilité sociale et environnementale. Des entreprises qui:
Développent en interne une culture alignée sur les valeurs qu’elles communiquent en externe
Soucieuses de créer un cadre managérial bienveillant
De respecter leurs engagements sur le long terme
Du choix de partenaires financiers alignés sur la mission de leur entreprise
À la recherche de profils partageant des valeurs communes et qui mettent le sens au cœur de leurs préoccupations professionnelles
Si cet article vous a parlé, découvrez chaque semaine, de nouvelles entreprises à impact en vous abonnant à la newsletter No bullsh*t jobs.
A bientôt ! 🙂