Et si j’apprenais à réduire mes déchets ?
Aujourd’hui, c’est dans l’univers du vrac que je voulais vous plonger. Et, en particulier dans une boutique brestoise que j’affectionne beaucoup, Les Bocaux d’Ana ! J’y passe la majeur partie de mon temps… c’est la boutique dans laquelle je travaille :)
Pour Ana, la gérante de la boutique, adopter la démarche zéro déchet ne s’est pas fait du jour au lendemain. C’est petit à petit qu’elle a pu changer ses habitudes. Elle a commencé par repenser sa manière de consommer, puis de travailler.
Au travail, c’est d’abord à l’hôpital qu’elle a changé ses pratiques. Elle y exerçait le métier d’infirmière, qu’elle quitte en 2019 pour concrétiser un projet de vie qui lui ressemble : l’ouverture d’une boutique Vrac & Bio.
Avec ses proches et ses clients, elle applique ce qu’elle s’est elle-même appliquée : donner envie aux gens d’adopter la démarche de réduction des déchets, sans les bousculer dans leur mode de consommation, quitte à les dégoûter.
Pour Ana, agir, ce n’est pas rester sur ses acquis, se contenter de ce qu’elle a, mais aller plus loin dans la démarche. Elle nous raconte avec humilité ses actions en interne et hors de la boutique. Elle nous informe aussi sur les limites de la démarche en nous partageant les contraintes logistiques et financières qui peuvent refroidir les fournisseurs à se lancer dans la réduction des déchets plastiques.
Voici son histoire...
CREATION ET CONCEPT
Ana, qu’est ce qui t’a amenée à t’intéresser à cette problématique des déchets ?
Les couches des enfants.
À partir du moment où j’ai été enceinte, je me suis renseignée sur le coût des couches lavables. Avec l’aide de Louli des Bois, un magasin pour enfants à Brest, je me suis mise à fabriquer des lingettes en tissu et des couches lavables. J’ai donc commencé par diminuer le plastique via les couches, les lingettes et ensuite avec les cotons réutilisables. Puis, au fur et à mesure des années, j’ai changé ma manière de consommer. Au début, j’ai voulu changer trop vite les choses et au bout de 2 ans de modification de la gestion de mes déchets, je suis repartie en arrière parce que j’avais enlevé trop de choses. Il y a 6 ans, à mes 30 ans, j’ai de nouveau eu le déclic et j’ai bifurqué à nouveau dans le bon sens. Quand je faisais mes courses, je me demandais comment est-ce que je pouvais réutiliser ce que j’avais acheté, je prenais des bocaux et des conserves et s’il y avait des emballages, je n’achetais pas.
En parallèle, je me sentais de moins en moins alignée avec mon métier et de plus en plus convaincue par les actions que je menais à côté. C’était donc évident pour moi de partir sur ce mode de consommation, pour tout, au quotidien.
D’ailleurs, quand je rejoignais des amis aux apéros, je venais avec mes Bocaux et on parlait toujours de moi en disant “Ana et ses bocaux !”. J’en suis arrivée à ne plus avoir de déchets du tout.
FOURNISSEURS
Comment as-tu fait le choix de tes fournisseurs ?
Je souhaitais sélectionner des produits locaux et bio et des acteurs dans la démarche zéro déchet. Quand tous les critères ne sont pas présents sur un produit, je privilégie toujours le zéro déchet. Par exemple, le lait qu’on vend dans la boutique est non bio mais produit en agriculture raisonnée, local et conditionné dans des bouteilles consignées.
Ce qui n’est pas évident, c’est qu’on limite l’impact pour les personnes finales, les clients, mais qu’on reçoit quand même des emballages dans le cadre des livraisons. Les emballages permettent de sécuriser la livraison et les aliments. Si c’est du jetable mais chez nous, il faut que ce soit réutilisé. C’est-à-dire que lorsqu’on reçoit un sac qui transporte des céréales, soit il va au recyclage, soit on en fait un sac poubelle. On ne peut pas réduire à 100% les déchets aujourd’hui, on arrive toutefois à limiter énormément notre impact par rapport à un commerce classique.
Comment le vrac permet de diminuer le plastique ?
Pour le client, peu importe la quantité qu’il va prendre, consommer du vrac lui évite d’avoir un sachet en plastique pour chaque produit acheté. A la place de proposer 50 sachets plastiques de 500 grammes, on achète les produits en 10kg ou en 25kg, ce qui limite bon nombre de déchets supplémentaires, d’autant plus si on propose les produits en contenants consignés.
Comment s’opère la réduction des déchets en amont, côté fournisseurs et producteurs ?
Côté fournisseurs, pour conditionner les aliments en vrac, certains proposent leurs produits dans des seaux consignés, dans des contenants en verre consignés, des emballages en carton, en sachet en composition végétale ou en bioplastique. Il y a aussi des fournisseurs qui ne pratiquaient pas la consigne et qui ont accepté de le faire, comme la Ferme de Gwel Ar Mor à qui j'avais fait une demande pour mettre en place le lait en bouteilles consignées et les yaourts en pots en verre.
Et la mise en place de la consigne se passe comment pour eux ?
Ça implique pour les producteurs, de prévoir l’espace de stockage, de lavage. C’est de l’investissement de mettre en place ce système là via les bocaux à acheter et la station de lavage. Ensuite, il faut être très rigoureux pour bien laver et désinfecter les contenants pour les re-remplir. Il peut y avoir des retours en arrière. Il y en a qui avaient accepté au début et qui ont dû arrêter car c’était une gestion trop compliquée : pas assez de moyens, pas assez d’espaces de stockage. Le système de consignes se remet en revanche en place en Bretagne avec Distro et la demande est là, même les hypermarchés s’y mettent.
EQUIPE
Et comment se traduit cette démarche en interne, dans ton équipe ?
Je n’ai pas demandé que chaque personne soit à 100% dans la consommation responsable. Chacune a évolué avec la boutique au moment où elle l’à intégrée. C’est aussi une démarche d’équipe. Si l’équipe est partante, on fait d’autant plus les choses.
Comment peut-on reconnaître qu’un business est cohérent ? Qu’est ce qui fait que chez toi par exemple, c’est cohérent ?
C’est cohérent parce que ça fait partie de nous. On ne va pas se dire par exemple : on fait une partie du magasin sans déchet et l’autre non.
Tu as cette volonté d’aller plus loin que le magasin, peux-tu nous en parler ?
J’ai réussi à faire mettre en place un composteur public proche du magasin, suite à une demande faite auprès de la Mairie avant l’ouverture de la boutique. J’ai fait également une demande pour avoir des stationnements vélos près de la boutique, ce qui permet de faciliter l’accès au vrac pour certaines personnes. On fait des ateliers d’initiation aux zéro déchets. Après, j’aimerais qu’on fasse du ramassage des déchets, qu’on soit présentes sur des événements autour du zéro déchet.
Un petit mot pour la fin ?
Consommer mieux, consommer sain, c’est aussi prendre le temps de réfléchir à ce que l’on consomme : d’où viennent mes produits ? De quelle façon sont-ils produits ?Comment ceux qui les produisent sont-ils rémunérés ? Au delà de consommer bio, commencer par consommer local, permettrait déjà d’avancer ensemble vers un avenir meilleur. :)
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