Et si je créais des cosmétiques bio et Zéro déchet ?
Alimentation, hygiène, cosmétique, habillement, la démarche Zéro déchet gagne du terrain dans les différents secteurs de consommation. Cela, grâce à une prise de conscience récente de l’impact de notre production de déchets sur la dégradation de notre environnement. Et surtout, grâce à l’impulsion de certains pionniers, comme Laëtitia Van de Walle, qui s’est lancée dans la démarche, alors qu’elle était encore considérée comme “marginale”. Travaillant seule de 2010 à 2015, Laëtitia n’a pourtant rien lâché pour faire fonctionner son activité de produits bio et Zéro déchet pour la salle de bain. Sa détermination aura payé, puisque 10 ans après, elle est à la tête d’une entreprise de 70 salariés et les produits de sa marque, Lamazuna, sont présents dans plus de 2000 boutiques en France et dans le monde.
Laëtitia nous raconte son histoire et celle de sa marque....
Qu’est ce qui t’a amenée à créer Lamazuna ?
Lamazuna, je l’ai créée il y a 10 ans.
J’ai fait des études en communication et marketing et j’ai toujours eu envie de créer une entreprise. Un jour, j’ai eu l’idée de vendre des lingettes démaquillantes en microfibres et ça a très bien marché. Elles ont été le premier produit Lamazuna et ça a été le déclencheur de la création de l’entreprise. Au début, je ne pensais vendre qu’un seul produit, puis, je me suis rendu compte que faire vivre une entreprise avec un produit qu’on achète tous les 4 ans à 15€, ça allait être compliqué… J’ai donc ajouté des produits en prenant en compte l’objectif Zéro déchet dans la salle de bain et en ajoutant les contraintes d’être bio, vegan et fabriqué en France.
Ensuite tu es partie sur quels types de produits ?
L’Oriculi, puis les coupes menstruelles avant que le produit ne devienne connu. Ensuite on a été les premiers à proposer des dentifrices et déodorants solides en France.
Tu étais toute seule ?
J’étais toute seule pendant 5 ans, de 2010 à 2015. Je n’ai pas pu me payer pendant 5 ans et le jour où j’ai pu me payer, j’ai embauché une première personne.
Qu’est ce qui explique ce décollage soudain en 2015 ?
Le Zéro déchet, c’est une expression qu’on n’utilisait pas du tout en 2010. Au début, j’expliquais que les produits étaient « écolonomiques » et j’essayais de toucher une large cible grâce au packaging colorés. Et lorsqu’en 2015, on a accueilli la COP21 en France, ça a décollé d’un coup. Suite à cet événement, la problématique du plastique dans les océans s’est faite connaître via des reportages sur le sujet et le végétarisme a pris beaucoup d’ampleur. J’étais “Made in France”, vegan et Zéro déchet et je respectais donc les critères recherchés par les consommateurs sensibles à ces sujets.
Comment a évolué Lamazuna depuis 2015 ? Vous êtes combien et quels sont les produits que vous vendez ?
Aujourd’hui on est 70. On a 2 gammes de produits : les accessoires durables et les cosmétiques solides. On a aussi créé une marque pour la grande distribution qui s’appelle The Green Emporium. En 2021, on lancera une nouvelle marque pour les jeunes, qui s’appelle Kisupu et on arrivera aussi dans la cuisine avec d’autres produits Zéro déchet.
Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur la marque Kisupu ?
On s’est rendu compte que les jeunes, de plus en plus sensibles à l'environnement, n’ont pas de propositions de produits Zéro déchet dédiés à leurs problématiques de peaux : des peaux à tendance grasses et acnéiques. On travaille d’ailleurs avec eux pour co-créer la marque, via un groupe instagram de 70 personnes.
Qui sont vos fournisseurs et d’où viennent les ingrédients qui se retrouvent dans vos produits ?
Il y a de tout car en France nous n’avons pas beaucoup de produits pour la cosmétologie. On a par exemple de l’huile de coco qui vient de loin est qu’on est en train de remplacer par de l’huile de Tournesol pour rapprocher l’approvisionnement. Notre laboratoire est situé dans le Sud de la France et on a une trentaine de fournisseurs différents en France.
Mise à part les produits qu’on ne trouve pas en France, est-ce que tu as adopté une démarche où tu essaies de t’approvisionner en local ?
Oui, on fait au plus proche, surtout sur nos nouveaux développements, ce sont des questions qu’on se pose beaucoup. On avait évité l’huile de palme depuis le début et là, la problématique de l’huile de palme se retrouve aussi sur l’huile de coco. On essaie de supprimer cette huile de nos produits.
On ne pourra pas trouver 100% de nos produits en France, mais on cherche.
Vous êtes basés où ?
On a déménagé de Paris pour s’implanter dans la Drôme et on a gardé notre Atelier-boutique Lamazuna à Paris
CLIENTS
Qui sont vos clients ?
Pour Lamazuna, toutes les boutiques bio, les parapharmacies, les magasins vracs et pour The Green Emporium, la grande distribution.
FINANCEMENT
Comment tu t’es financée ? As-tu reçu des aides extérieures ?
J’ai commencé avec 2500 euros. J’avais 500 euros dans ma poche et ma mère m’en a prêté 2000. Je n’ai pas fait d’emprunt. Je suis partie de ces 2500 euros que j’ai fait fructifier petit à petit. C’est pour ça que les 5 premières années ont été aussi longues sans pouvoir me payer, mais ça fait qu’aujourd’hui on est à 100% indépendant.
VISION / ENGAGEMENT
Quelle est ta vision future des choses pour Lamazuna ? Où aimerais-tu emmener ton entreprise ?
On a 3 objectifs :
- On veut être neutre en carbone, et on a embauché une personne pour s’en occuper.
- On a un objectif qui est de ne pas dépasser 150 salariés, car c’est un groupe assez petit pour encore bien fonctionner ensemble sans avoir de règles trop strictes. Une entreprise à besoin de croissance pour survivre donc il y aura un défi sur lequel on devra travailler pour continuer à avancer en restant 150.
- On va créer un Eco-lieu qui est en cours de construction et sur lequel il y aura notre siège social, un jardin en permaculture pour alimenter un restaurant d’entreprise pour alimenter l’équipe, et une micro-crèche. Tout le challenge est de montrer que le système est viable financièrement parlant pour qu’il soit reproductible par n’importe quelle entreprise.
Ce projet c’est pour quand ?
Le siège sera terminé au printemps 2022 et le projet de permaculture devrait commencer l’année prochaine.
CULTURE
Est-ce qu’il y a une culture d’entreprise qui définit Lamazuna ?
C’est dur de définir une culture d’entreprise… il faudrait demander aux salariés directement. En revanche, on a travaillé en interne, pendant une journée, pour définir nos valeurs lorsqu’on était 50.
Par exemple, un événement qui illustre bien notre culture d’entreprise, c’est notre fête des 10 ans. On avait invité tous nos partenaires : les maires, l’agglomération, les distributeurs, les fournisseurs… toute l’équipe était présente et on a passé la journée à leur expliquer ce qu’on faisait, à leur montrer nos métiers et les locaux en toute transparence.
Quelles sont les valeurs que vous avez définies à 50 ?
C’est un travail qu’on fait tous ensemble, pendant une journée et on a sorti les phrases suivantes pour définir nos valeurs :
- Notre mission est sérieuse, sa forme est heureuse
- Construit avec sincérité, aujourd’hui pour demain : pour parler de notre transparence
- Partage et grandit
- Prend soin de nous, on prend soin de toi : qui illustre la bienveillance
RECRUTEMENT
Si je te disais que j’aimerais rejoindre Lamazuna, comment est-ce que je pourrais me démarquer d’un autre candidat ?
De l’ouverture d’esprit et de l’enthousiasme. Si tu nous dis que tu adoptes la démarche Zéro déchet chez toi, on sera ravi, mais ce n’est pas un critère déterminant dans notre choix de candidat. En effet, si ce n’est pas le cas, on te l’apprendra de toute façon lorsque tu nous rejoindras. Le plus important c’est l’ouverture d’esprit et l’envie de faire partie d’une équipe : le collectif est plus important que l’individuel, un peu comme dans une équipe de Basket ou de Football.
Et ça, ensuite, ça se manifeste comment dans le management ? Comment vous vous organisez ?
On a un peu de hiérarchie maintenant, chose qu’on n’avait pas avant. Au début, je ne pensais pas mettre de managers. C’est venu d’une demande des salariés, qui, voyant l’entreprise grandir, ont ressenti le besoin de mettre en place une hiérarchie pour structurer l’activité et permettre la bonne circulation des informations. Les managers sont donc là pour aider leurs “managers” et vont permettre de bien structurer l’entreprise. Une fois qu’on sera bien organisé, on pourra à nouveau retourner sur un modèle plus horizontal.
Est-ce que vous recrutez prochainement ?
Pour l'instant, on a gelé les recrutements. On attend que le coronavirus soit passé pour relancer l’activité de plus belle, sachant qu’avant le confinement, on était sur une dynamique de 4 nouveaux recrutements par mois (se traduisant par 4 nouvelles arrivées par mois).
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