Et si je générais de la lumière à partir de bactéries marines ?
Avez-vous déjà fait attention à ces lumières bleues qui éclairent la forêt de Pandora, dans le film Avatar ? Un peu comme celles-ci :
Et bien, imaginez maintenant marcher en ville, de nuit, et être éclairé par cette douce lumière…
C’est l’ambition de Glowee, une entreprise créée il y a 6 ans par Sandra Rey, qui a développé avec son équipe une technologie autour de la bioluminescence, pour que la nature nous éclaire !
Ayant d’abord travaillé sur ce projet en tant qu’étudiante, Sandra a senti qu’il y avait une vraie opportunité à développer cette technologie sur le marché de la lumière.
Elle nous raconte l’histoire de Glowee...
CRÉATION ET CONCEPT
Est-ce que tu peux me raconter l’histoire de Glowee ? D’où t’es venue l’idée de te lancer dans la bioluminescence ?
C’est un projet qui est né pendant mes études de design. J’ai participé à un concours étudiant sur le thème de la biologie. J’ai regardé des reportages sur les poissons des abysses capables de faire de la bioluminescence. À ce moment-là je me suis dit : si ces poissons sont capables de faire de la lumière biologique et que nous avons des technos de biologie qui nous permettent de reproduire ce que fait la nature, c’est peut-être un bon moyen de répondre aux enjeux de l’éclairage tertiaire. En effet, notre éclairage pollue énormément :
- D’une part, sur toute la partie production des ampoules, qui sont faites à partir de métaux rares dans des conditions polluantes.
- Sur la partie consommation avec des lumières qui ne sont pas forcément adaptées : des lumières très fortes qui dérangent la biodiversité et perturbent les écosystèmes de manière générale.
- Et sur la partie déchets, les ampoules sont collectées mais la majorité de leurs composants ne sont pas recyclables aujourd’hui.
Donc j’ai commencé à travailler sur la question en sachant que la bioluminescence est très connue dans les laboratoires depuis une trentaine d’années car elle est utilisée comme outil. C’est intéressant car c’est un univers très présent dans l’imaginaire collectif : tout le monde sait que ça existe et il y a aussi beaucoup de films et dessins animés qui utilisent la bioluminescence dans leurs décors.
J’ai gagné ce concours, puis de fil en aiguille, je me suis rendu compte que ça répondait à un besoin pas encore adressé sur le marché de la lumière. Et, en décembre 2014, j’ai créé Glowee.
Qu’est ce qui s’est passé entre la création et aujourd’hui ?
Beaucoup de choses.
L’ambition est toujours restée la même : intégrer de la bioluminescence dans le paysage urbain. Cependant, on a compris que ça allait prendre beaucoup de temps, car ça demande énormément de travaille en R&D et des performances technologiques très fortes pour être compétitif sur ces marchés.
On a fait beaucoup de R&D pour créer un produit qui permette de générer de la bioluminescence en continu. Très vite, on a eu envie de se confronter à la réalité et on a créé des installations éphémères pour l’événementiel, dans un but très pédagogique. Comme on vend une innovation de rupture, on a ce besoin de faire comprendre que la technologie existe et pourquoi elle est importante.
Ensuite, on a créé un premier produit qu’on a commencé à commercialiser dans le milieu du bien-être : la Glowzen Room, un espace de relaxation illuminé par la bioluminescence. On cherche en ce moment à améliorer cette techno pour la placer en extérieur dans du mobilier urbain. On travaille avec la ville de Rambouillet qui est la ville pilote pour ce projet.
Peux-tu nous expliquer ta techno ? Qu’est ce que Glowee et comment ça fonctionne ?
La base technologique, ce sont des bactéries marines qui sont naturellement bioluminescentes. Notre métier c’est de les sélectionner parmi beaucoup de souches, ensuite de les faire évoluer en termes de performance en laboratoire : les rendre plus neutres, plus stables dans le temps, plus adaptables à différentes températures… puis on va les réunir dans un aquarium qui va nous permettre de cultiver ces bactéries en continu. C’est tout un système qui est alimenté avec des nutriments qui permettent aux bactéries de continuer à se développer. Cet aquarium, c’est notre produit : c’est à la fois une usine de production de lumière car les bactéries à l’intérieur se reproduisent et en même temps c’est le produit qui permet de faire la lumière.
Glowzen Room
CLIENTS
Les Glowzen Room sont installées chez qui ?
La première est installée au Château de Chapeau Cornu, entre Lyon et Grenoble. Ils ont intégré la Glowzen Room à leur Spa.
ENGAGEMENTS ACTUELS
Quels sont tes engagements ?
- Sur la partie produit, c’est un combat pour fair basculer l’industrie de la lumière dans la bioéconomie, la faire devenir une industrie biologique. Ça demande un gros travail de sensibilisation auprès de tous les acteurs de l’écosystème, qui réunit à la fois des urbanistes, des architectes, des aménageurs, des constructeurs...
- La deuxième chose qu’on fait, c’est de la pédagogie et de la sensibilisation. Même si on fait du B2B, on a toujours parlé en B2C. Cet engagement là nous suit depuis le début et se concrétise avec un jeu de société qu’on a créé et qui s’appelle : Biolumia, pour donner du contenu sérieux sur la bioluminescence et donner envie de comprendre et de s’en inspirer.
- Enfin, on a toujours tendance à évaluer les solutions sur l’impact écologique à partir du moment où elles sont consommées. Si je prends l’exemple de la LED, elle consomme beaucoup moins d’électricité pendant sa phase d’utilisation mais on oublie qu’elle pollue sur son cycle de vie complet. Chez Glowee, on essaie de travailler sur la partie production et fin de vie et c’est tout l’intérêt de travailler avec des matières vivantes, biosourcées et biodégradables. La matière est organique donc on peut la rejeter dans la nature sans impact. Le meilleur déchet c’est celui qui n’existe pas.
FINANCEMENT
Comment êtes-vous financés ?
On a levé des fonds qui sont en majorité de l’equity crowdfunding. 800 particuliers et des Business Angels sont investisseurs chez Glowee. Le réseau spécialisé Inno Energy a aussi investi. Et puis, récemment, on a été sélectionné par la Commission Européenne pour une subvention à hauteur d’1,7 million dédiée aux entreprises spécialisées dans les problématiques répondant au Green Deal de l’UE. On a été 64 a être choisi comme startups qui accélèrent la transition énergétique.
EQUIPE
Vous êtes combien et qui fait quoi ?
Aujourd’hui, on est 10.
Une moitié technique, avec des docteurs ingénieurs et techniciens de laboratoire en biotechnologie. On commence aussi à intégrer des profils en ingénierie mécanique.
Et la deuxième moitié, ce sont des profils pluridisciplinaires en finance, opération, design et des commerciaux.
De mon côté, je m’occupe du management général, de toute la partie stratégie et levée de fonds et communication externe.
L’équipe technique travaille dans notre laboratoire à Evry et l’autre équipe dans nos bureaux à Paris.
CULTURE D’ENTREPRISE
A quoi ressemble la culture chez Glowee ? Quelles sont vos valeurs communes ?
- Ce qui nous lie, c’est la conviction qu’on est capable de faire bouger les choses et de se battre pour la cause qu’on défend et également le contact avec le client. On s’est dit que si on perdait ce contact avec le client, que ce soit dans l’équipe technique ou opérationnelle, il n’y avait plus de Glowee. On est donc au SAV, à tour de rôle, ce qui permet à chacun de ne pas être enfermé dans une spécialité. Grâce à ce fonctionnement, l’équipe technique se rend vraiment compte de la dimension terrain et les gens du terrain peuvent comprendre les contraintes technologiques.
- Ensuite, j’ai toujours essayé d'insuffler à l’équipe que l’objectif n’est pas de vendre le produit parfait mais de tester sur le marché un produit pour pouvoir ensuite progresser, ce qui est assez rare dans le domaine de la biotechnologie. Cette manière de fonctionner nous permet de progresser à la fois sur la techno et sur la manière d’opérer la technologie. Cette prise de risque est vraiment intégrée à notre culture d’entreprise. L’échec est vu de manière positive, on a fait des erreurs mais on a toujours réussi à retomber sur nos pattes.
RECRUTEMENT
Vous recrutez en ce moment ?
Oui, on cherche:
📢 Un(e) ingénieur(e) industrialisation
Qu’est ce que tu attends d’une personne qui aurait envie de rejoindre ton équipe ?
- Il faut qu’elle ait la conviction qu’on fait quelque chose de bien et l’envie d'arriver à notre objectif : éclairer la ville grâce à la bioluminescence.
- Une personne audacieuse et ambitieuse, qui a le goût du challenge
- Patiente et passionnée, car on a des cycles de développement et de vente très longs. Je pense que si on a pas ce moteur : la passion, on peut vite être découragé par les années qui défilent.
- Et, une personne curieuse : il faut que les personnes qui ne sont pas dans l’équipe technologique aient envie de comprendre comment ça marche.
Comprendre la bioluminescence avec Glowee t’intéresse ?
Pour plus d’infos 🧐