Et si j’informais les citoyens sur ce que deviennent nos déchets ?
Dans les interviews réalisées dernièrement, le sujet du déchet est souvent ressorti. En effet, des acteurs se multiplient dans le secteur pour collecter, valoriser, réduire ou même supprimer les déchets.
Chaque jour, nous jetons en moyenne entre 1 et 2 kg de déchets et leur traitement représente 3 % des émissions de gaz à effet de serre en France. Nous jetons nos déchets dans nos poubelles et nous le faisons de manière inconsciente : Nous achetons, nous consommons, nous jetons, nous achetons, nous consommons, nous jetons… et nous n’avons jamais vraiment appris à nous intéresser à ce que deviennent nos déchets une fois le couvercle de notre poubelle refermé. L’entreprise Terravox propose de nous sensibiliser à ce sujet ! Pour Frédéric Willemart, Directeur de Terravox, l’action de réduire ou de supprimer notre production de déchets ne peut se faire qu’en étant informé en amont sur la manière dont ceux-ci sont traités, triés, détruits…
Terravox fait le lien entre les citoyens et les institutions pour impliquer tous les acteurs du territoire dans la prévention des déchets.
Entouré d’éco-animateurs, Frédéric à fait le choix du porte à porte pour sensibiliser les citoyens des villes où il intervient. Une démarche qui n’est pas nouvelle mais qui a le mérite de favoriser la relation de proximité et le lien social, à l’heure où nous digitalisons de plus en plus nos modes de communication.
Voici ce que Frédéric nous dit à propos de Terravox….
LE CONCEPT ET LA CRÉATION
Quel est ton parcours et qu’est ce qui t’a amené à créer Terravox ?
J’ai fait un cursus économique double : une école de commerce et science po. J’ai travaillé dans des grandes entreprises dans le secteur de l’énergie et de l’environnement, notamment chez Schneider Electric, également dans le secteur public, pour l’équipe des négociations sur la Cop21. Puis, j’ai travaillé en cabinet de conseil, toujours dans le secteur de l’énergie. En parallèle du cabinet, j’étais bénévole dirigeant au conseil d’administration de l’association E-graine, qui mène des programmes d’éducation populaire dont le but est de donner aux citoyens l'envie et les moyens d'agir pour créer un monde solidaire et responsable. Elle mène entre autres des programmes pédagogiques sur l’environnement, la participation citoyenne ou encore les migrations. C’est cette association, qui à l’occasion d’un marché public avec le Syctom (syndicat mixte de traitement des déchets), a créé Terravox en 2017. A la base l’initiative s’appelait EG3D et à été menée par 10 éco-animateurs et une chargée de mission qui sensibilisaient les citoyens au tri des déchets. Je suis arrivé en juillet 2018 pour diriger l’entreprise.
Depuis 2018 il s’est passé quoi ?
Au départ nous nous sommes concentrés sur définir la raison d’être de l’entreprise et une fois celle-ci identifiée, on a créé la marque Terravox, début 2019. Puis, on a commencé le développement de l’activité au printemps 2019.
On est convaincu qu’il y a une impasse avec la manière dont on gère nos déchets aujourd’hui. On vit dans un pays où on a des leaders mondiaux de la gestion des déchets comme Suez et Veolia. On est très bons pour traiter de plus en plus de déchets mais ça ne nous a jamais permis de réduire notre production de déchets. Et, à l’heure où l’enjeu est de réduire, on n’y arrive pas. Selon nous, on a tout fait pour dire aux gens « mettez vos déchets à la poubelle, fermez le couvercle et n’y pensez plus ». Les déchets sont en effet collectés le matin quand tout le monde dort, envoyés dans des centres de tri, des incinérateurs, des centres d’enfouissements, éloignés des centres villes et des lieux de vie des gens. Personne ne sait vraiment comment ça fonctionne, alors même qu’on jette chaque jour 1 à 2Kg de déchets. C’est tellement inconscient qu’on ne sait même pas dire ce qu’on a mis dans notre poubelle la veille. Notre mission est donc d’en parler le plus possible et de remettre ce sujet sur le devant de la scène.
Et vous le faites via quelles actions ? Quelles sont vos activités chez Terravox ?
On fait essentiellement du porte à porte. On a des éco-animateurs qui vont faire du porte à porte au nom des collectivités locales pour le tri des déchets et la réduction des déchets. On parle de l’extension des consignes de tri, de la prévention des déchets et des nouvelles consignes mises en place par les villes comme par exemple la collecte séparée des biodéchets. On fait ça aussi en déambulation dans les villes : pour la ville de Paris, on sensibilise les gens sur les marchés à la collecte des biodéchets et on les encourage à apporter leurs déchets alimentaires lorsqu’ils viennent faire leurs courses le dimanche suivant. Avec l’association E-graine on fait aussi des ateliers pédagogiques pour les écoles ou le grand public.
LES CLIENTS
Qui sont vos clients ?
Les collectivités locales et les bailleurs de logements sociaux. On intervient beaucoup pour le compte des bailleurs pour parler aux gens de la propreté dans leur résidence, du tri des déchets. On fait des projets de concertation pour savoir qui serait partant pour se lancer dans un composteur collectif ou un jardin partagé par exemple.
FINANCEMENTS
Comment est-ce que vous vous financez ?
Pour le financement, notre modèle économique est basé sur des prestations auprès des collectivités et des bailleurs. Nous avons aussi un marché public avec notre client principal, le Syctom, qui nous assure des revenus récurrents. Notre enjeu est de diversifier au maximum les clients dans les prochains mois.
ENGAGEMENTS ACTUELS & FUTURS
Est-ce qu’il y a d’autres engagements ou projets futurs que tu aimerais partager ?
On a un autre projet qu’on est en train de développer qui est un Fablab itinérant du recyclage inspiré par Precious Plastic. Le projet Precious Plastic a été créé par un designer hollandais, Dave Hakkens, qui a conçu une filière du recyclage du plastique en open source pour créer des objets en plastiques recyclés. On va utiliser cette méthode pour sensibiliser les gens à la réalité du recyclage du plastique et aux potentialités en boucle courte.
Vous sensibilisez les gens sur quoi exactement ?
Notre premier métier c’est le dialogue : ce qu’on veut faire c’est informer les gens et créer une culture commune du déchet. Quand on arrive chez les gens, on n'a que 3 à 4 minutes à leur accorder donc on ne parle pas directement de la réduction des déchets mais on informe plutôt sur la filière, la collecte, le tri des déchets et les ressources utilisées pour les traiter.
Quand tu comprends comment fonctionne un incinérateur, qu’il y a chaque jour des centaines de camions qui viennent déverser dans des fours, des déchets, qui pour la plupart, sont à usage unique, tu vas pouvoir te demander comment faire autrement, sur ce qu’il y a autour de toi pour réduire tes déchets : les magasins vrac, des centres de collectes des biodéchets…
On veut vraiment faire comprendre aux gens que les déchets c’est un enjeu et ça ne disparaît pas par magie.
Vous apportez aussi des solutions derrières aux personnes sensibilisées ?
Quand on prépare une campagne de sensibilisation, on se met d’accord avec la collectivité locale sur les quartiers dans lesquels on va intervenir, et, en amont on va regarder ce qu’il y a à disposition dans les différents quartiers : composteurs collectifs, magasins vrac, ressourceries… on informe les habitants sur les ressources que nous avons repéré et nous leur indiquons également où trouver la bonne information.
EQUIPE
Vous êtes combien dans l’équipe ?
On est 17. On a 13 éco-animateurs, un chef d’équipe et une responsable des relations avec les collectivités locales. Ensuite, je recrute en ce moment un ou une responsable commercial(e).
Et toi que fais-tu dans l’entreprise ?
Je travaille sur l’animation et la mise en œuvre de la stratégie, des programmes d’innovation, de recherche sur les sciences comportementales. Je m’occupe aussi de la recherche de partenaires, des financements, des levées de fonds, des relations avec les élus et partenaires institutionnels. Je faisais aussi beaucoup de démarchage - mission qui sera déléguée au responsable commercial - de la structuration de la boîte, des process et du management.
Justement ça se concrétise comment le management chez vous ? Qu’est-ce que vous avez mis en place ?
On a mis en place des choses simples:
- Un suivi mensuel pour les chefs d’équipe des éco-animateurs, qui s’assure que chacun puisse s’exprimer, se sente à l’aise dans son poste.
- Des réunions d’équipe mensuelle pour partager des infos avec les gens du terrain et les gens des bureaux
- Je fais beaucoup de partage d’infos sur les nouveaux projets à venir, les appels à projets, les financements
- On est une ESUS, donc on essaie d’être très participatif, de responsabiliser au maximum les salariés et d’être transparents. On prépare les opérations ensemble. On a instauré un système de référent de mission qui est en charge des éco-animateurs. Pour chaque mission, ça tourne : chaque éco-animateur devient référent et encadre au moins une animation dans l’année.
- On est dans une démarche d’amélioration continue et on fait des bilans à chaque fin d’opération.
Et comment tu décrirais la culture d’entreprise chez Terravox ?
On est très attaché à notre professionnalisme. On est sur un métier qui était mis en œuvre pas des associations bénévoles. Donc chez nous, il faut qu’on démontre que la professionnalisation des actions est pertinente et qu’on soit irréprochable.
Un autre élément important c’est la solidarité. Être Éco-animateur c’est un métier difficile : on est sur le terrain, on n’a pas beaucoup de temps pour parler aux gens, parfois il y a une dimension un peu répétitive dans les missions... donc c’est important de s’encourager et d’être solidaire les uns des autres et se rappeler que ce qu’on fait est important et que ça a du sens.
Et enfin, il y a aussi la créativité qui est à construire sur le long terme en essayant d’amener des projets innovants.
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