Des vêtements éco-responsables pour les peaux hypersensibles
Première entreprise brestoise que je rencontre, Mayway est une startup de mode éthique, dont les vêtements, éco-conçus, sont destinés aux personnes ayant des peaux si sensibles qu’elles ne supportent pas les textiles traditionnels utilisés pour nos vêtements. Je rencontre donc Morgane, la fondatrice. Au bureau, elle se trouve avec Laurine, qui travaille sur le marketing et le développement commercial de Mayway Skin. On a parlé de mode éthique et des enjeux du secteur en France.
Je vous laisse découvrir cet échange, riche en enseignements…
LE CONCEPT ET LA CRÉATION
Est-ce que tu peux me parler de Mayway : le concept, la création, pourquoi tu as voulu créer Mayway ?
Mayway est née il y a un peu plus de 3 ans à Brest, suite à un constat que j’ai fait : quand on souffre de maladie de peau comme c’est mon cas, j’ai une dermatite atopique sévère…il est difficile de trouver des vêtements adaptés dans lesquels on puisse se sentir bien toute une journée. J’avais fait une grosse crise il y a 3 ans et à ce moment-là, il y a des matières qu’on ne supporte plus sur la peau, les étiquettes je n’en parle même pas. L’idée de développer Mayway est donc née suite à cet épisode. Au début, j’ai développé une gamme à base de coton bio, que j’ai arrêté l’année dernière faute de marché. Pour moi la cible n’était pas mûre en France. On était plusieurs dans la mode éthique à avoir des difficultés et certains ont arrêté leur activité. J’ai décidé de stopper cette collection et de revenir sur l’idée qui me plaisait à la base : développer une collection pour les personnes qui ont des problèmes de santé, ce qui n’était pas forcément le cas avec la 1ère collection où j’étais sur un public plus large.
Mayway Skin est née l’année dernière et avec cette gamme, je m’adresse à des personnes qui ont des problèmes de peau : eczéma, psoriasis, des personnes en traitement de chimiothérapie ou post cancer et aussi des personnes qui souffrent de transpiration excessive, de douleur neuropathiques par exemple. Il y a toujours la dimension éthique et éco-responsable, ça ce n’est même pas un sujet pour moi, c’est naturel de le faire comme ça.
Comment tu as fait pour sourcer tes fournisseurs ?
Beaucoup de salons, de veille, c’est un travail de fourmis.
Est-ce qu’ils sont tous engagés dans la démarche environnementale ?
Oui, c’est un critère de choix quand je sélectionne un fournisseur. Je regarde toujours son éthique, ses valeurs. J’ai fait ce travail en amont et dans la mesure du possible, j’essaie de bien faire.
Tu as quelques exemples de partenaires/fournisseurs ?
Le cintre qui est derrière toi par exemple a été réalisé par les Papillons Blancs à Brest, un organisme qui s’occupe des personnes handicapées. Elles ont un atelier gravure menuiserie et je leur ai demandé de graver tous mes cintres. Les portants sont réalisés sur-mesure avec eux également. Ensuite, pour tous nos supports papier en interne, on fait appel à de entreprises labellisées PEFC. Le label assure que le bois utilisé pour produire le papier provient de forêts gérées de manière durable. On fait aussi appel à des entreprises labellisées GOTS, un label indépendant qui garantit la traçabilité et une éthique au niveau environnemental et social dans la production des fibres textiles organiques. Je l’étais sur l’ancienne gamme, car je vendais des vêtements en coton bio. Le coton était labellisé GOTS. Comme sur la nouvelle gamme je n’ai plus de coton, je ne suis plus concernée par le GOTS, en revanche, j’ai gardé leur cahier des charges. GOTS regarde par exemple tes emballages, check dans les usines qui assurent la production que toutes les machines à coudre ne produisent que du GOTS… c’est très strict. J’ai gardé de ce cahier des charges certaines choses que je trouvais bien. La nouvelle usine avec laquelle je travaille est certifiée GOTS.
Où se trouve cette usine ?
L’usine est au Portugal car il n’y a pas une seule usine GOTS en France.
Qu’est ce qui explique cela ?
C’est un label qui est très cher et qui n’est pas connu : il y a un manque de communication autour du label. On est beaucoup à suivre leur cahier des charges mais à ne pas pouvoir labelliser nos produits finis GOTS. En fait, sur toute la chaîne, tu vas avoir le producteur de coton, le filateur, le tisseur, celui qui va teindre, l’usine et ensuite la marque. Donc à chaque étape l’organisme certificateur va réaliser un audit et à la fin ça coûte très cher pour la marque. Par exemple, Ecocert en France fournit le label. Quand j’avais l’ancienne gamme, tout le monde en amont était labellisé, donc je communiquais sur le GOTS. En revanche, moi, Mayway, je n’ai pas pu me le permettre, d’autant plus qu’à cette époque, le GOTS était peu connu.
Tu me disais que ton usine est au Portugal. Il y a quelques semaines, j’ai acheté des chaussures éco-conçues et je me suis aperçue qu’elles avaient été produites au Portugal. Qu’est ce qui explique que les marques de mode éco-responsables françaises fassent appel à des usines portugaises ?
L’industrie textile française est en train de décliner depuis plusieurs années. Il y a tellement eu de sous-traitance en Asie ou en Afrique de Nord qu’on a perdu ce savoir-faire. Le Portugal c’est la région la plus proche qui a gardé ce savoir-faire. Ils ont gardé des compétences que l’on a plus ici. Par exemple, j’ai eu des stagiaires qui sortent de BTS mode/couture mais elles ne savent pas coudre… pour moi ce n’est pas normal.
CLIENTS
Qui sont tes clients ?
J’ai des clients B2C via le site internet : des clients atteints de maladie de peau et qui ont aussi une sensibilité à la mode éthique. Chez les professionnels, il y a la thalassothérapie, des parapharmacies, des revendeurs de matériels médical comme Cap Vital à Brest, des boutiques multimarques éthiques comme ICH, à Brest.
ENGAGEMENTS ACTUELS ET À VENIR
Quels sont tes engagements actuels ?
Au niveau de la maladie, j’ai ouvert un blog pour sensibiliser les gens à différentes techniques pouvant permettre de réduire l’usage des médicaments car je trouve qu’en France on se médicamente trop. Je vais promouvoir des marques neutres, engagées et transparentes, de cosmétiques, ou des techniques de soin alternatives aux traitements traditionnels.
On est en cours d’Audit avec ClearFashion, le Yuka des cosmétiques. On va avoir un étiquetage au niveau de l’impact environnemental et social de nos vêtements. On est noté de 0 à 100 sur 4 critères sur les thématiques : environnement, humain, santé, animaux. C’est intéressant de mesurer l’impact car, par exemple quand on utilise du coton bio, ça consomme beaucoup d’eau et ça assèche des cultures. Certes il n’y a pas de pesticide mais il fait peut-être autant de ravage que le coton traditionnel.
Quels sont tes engagements futurs ?
J’ai retiré un dossier pour les 1% pour la planète. Il faut que je trouve une cause pour laquelle je souhaite reverser 1% de mon chiffre.
FINANCEMENT
Comment es-tu financée ?
Je suis auto-financée. Il y a eu un crowdfunding aussi pour le lancement avec Ulule et une aide de la région Bretagne.
EQUIPE
Laurine est au bureau, j’en profite pour m’adresser à elle…
Laurine, toi, qu’elle est ton job et pourquoi tu as eu envie de rejoindre Mayway ?
Je travaille sur le marketing, l’événementiel et fait un peu de développement commercial. Je ne suis pas cantonnée à une mission. Ce qui m’intéressait chez Mayway, c’était la marque éthique. J’essaie d’aller de plus en plus vers des produits bons pour la peau et pour la planète. C’était dans la mode donc ça me plaisait aussi. J’avais fait un premier stage ici, tout s’était bien passé et j’avais envie de continuer.
Comment vous fonctionnez toutes les deux ? Qu’elle est la culture mise en place ?
Je laisse une très grande liberté. On a par exemple un outil qu’on utilise pour fonctionner à distance car Laurine n’est pas d’ici. J’ai testé le concept pendant le confinement et ça a bien marché. Comme je l’ai dit à Laurine, il y a une confiance, elle sait ce qu’il faut faire et je lui laisse la liberté de s’organiser comme elle veut. D’ailleurs pendant le Covid, je me suis rendu compte que j’avais besoin d’avoir mes matinées et que j’étais plus efficace les après-midi et Laurine avait apprécié aussi d’avoir du temps pour elle sur ce créneau. Donc l’idée c’est que maintenant, on fera des activités importantes pour nous le matin et on organisera notre temps de travail différemment. J’aimerais aussi mettre en place des activités en nature pour sortir du cadre traditionnel. J’ai été salariée et je ne veux absolument plus reproduire le schéma traditionnel.
RECRUTEMENT
Quelles sont tes attentes par rapport à de futurs candidats ? Quels sont les valeurs que tu aimerais qu’ils portent ?
- La sincérité - authenticité
- Croire en de nouveaux modèles
- Croire en la marque
- Vouloir consommer mieux et être dans ce mode de vie éco-responsable
As-tu de futurs recrutements de prévu ?
Pas pour l’instant
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