Et si je créais des coalitions pour multiplier l’impact des entrepreneurs sociaux ?
J’ai croisé le profil de Flora Ghebali sur LinkedIn. Elle a attiré mon attention car on a presque le même âge, elle est très active dans l’entrepreneuriat social et a publié un livre qui m'a apporté beaucoup d’espoir quant à notre capacité à passer à l’action, intitulé Ma génération va changer le monde. En interviewant Flora, plein de choses m'ont fait écho… Elle raconte notamment son besoin de trouver un travail dans lequel elle se sent utile au quotidien, et bien qu’elle ne soit pas une optimiste de nature, elle a fait le choix de se tourner vers l’optimisme, en travaillant au contact des entrepreneurs sociaux français.
Elle a fondé Coalitions, pour réunir des acteurs : entreprises, associations, pouvoirs publics, autour de l’engagement social.
C’est avec beaucoup de plaisir et de dynamisme que Flora m’a parlé de son entreprise…
HISTOIRE ET CRÉATION
Quelle est l’histoire de Coalitions, et donc ton histoire ?
J’ai créé Coalitions après un long cheminement personnel.
Il y a 10 ans, il y avait en quelque sorte deux voies pour avoir de l’impact : ceux qui voulaient s’engager pour l’intérêt général allaient dans le public et ceux qui voulaient s’engager pour l’intérêt particulier allaient dans le privé. Pendant mes études, j’ai voulu m’engager en politique pour avoir de l’impact, et, dès que j’ai eu l’âge pour le faire, j'ai rejoint un parti politique. Dans ce parti, mon boulot consistait à organiser des meetings et à distribuer des tracts. Je n’ai donc pas fait l'expérience de l’espoir et des grandes idées comme je l’imaginais, mais plutôt de l’impuissance. Je faisais mes études en parallèle, puis je me suis retrouvée au cabinet de François Hollande à l’Elysée, à 21 ans, pour travailler sur sa communication. C’était un travail très riche et j’ai rencontré des professionnels très intéressants. En revanche, je restais avec cette frustration de me dire : « C’est quoi, moi Flora, mon impact au quotidien ? ».
Après l’Elysée, j’ai rejoint la Fondation la France s’engage, qui regroupe des entrepreneurs sociaux qui inventent des solutions pour l’intérêt général. A ce moment-là, j’ai découvert que l’Etat n’avait pas le monopole de l’intérêt général. Pendant que les institutions perdaient leur temps pour rédiger des textes, il y avait des entrepreneurs qui n'avaient pas d’argent, pas d’équipe et faisaient 2 jobs à la fois, qui prenaient des problèmes à bras le cœur et arrivaient à agir.
En me demandant comment je pouvais moi aussi avoir de l’impact, j’ai pensé devenir entrepreneure sociale, puis j’ai constaté que des solutions, il en existait déjà plein. Le problème, c’est que les entrepreneurs sociaux qui les mettent en place n’arrivent pas à multiplier à grande échelle leur action. Souvent, ils ont des modèles économiques dont le but n’est pas de multiplier le profit car ce n’est pas leur ambition première. Pour autant, ils ont besoin de moyens pour se faire connaître et avoir le maximum d'impacts. J’accompagnais par exemple une femme, Diariata N’Diaye qui a créé l’application App-Elles, pour lutter contre les violences faites aux femmes. Lorsqu’on s’est rencontrées, elle avait 5000 abonnés. Quand on se dit qu’il y a 250 000 femmes qui sont victimes de violences, 5000 ce n’est rien. Pourtant elle avait inventé une solution efficace qui pouvait être utile à beaucoup plus de monde. J’ai eu envie d’aider des entrepreneurs sociaux, comme Diariata, à faire leur métier.
De l’autre côté, je m’occupais d’accompagner les grands groupes du CAC 40 dans leurs engagements, des groupes qui disaient avoir envie de s’engager, de faire de l’écologie mais qui ne savaient pas comment s'y prendre. Personne n’était à sa place : je voyais par exemple des banques qui essayaient de faire de l’écologie ou du droit des femmes, alors qu’il existe des associations dont c’est le métier ou l'Etat qui essayait de créer des choses qui existaient déjà. Ce pays nous offre toutes les raisons d’être optimistes, il y a des initiatives formidables, il suffit d’aller les chercher.
J’avais envie de mettre en lien les entreprises qui ne savent pas quoi faire de leurs engagements et qui ont de l’argent, avec des entrepreneurs sociaux qui ont du mal à performer. J’ai aussi été chercher les collectivités et l’Etat pour créer des coalitions. J’ai donc créé mon entreprise, une agence de conseil, pour accompagner des entreprises à intégrer des innovations sociales et écologiques dans leur fonctionnement et accompagner des entreprises sociales pour se déployer à grande échelle. C’est comme ça qu’est née Coalitions.
Et quel est ton job au quotidien ?
Ce matin, par exemple, des propriétaires d'immeubles sont venus nous voir. Ils nous ont dit :
“ A l’époque, notre travail consistait à louer des bureaux à des entreprises et aujourd’hui on se rend compte qu’il va plus loin… Nous devons garantir que les gens aient un bon environnement de travail, que les bâtiments aient un faible impact carbone et on ne sait pas vraiment par où commencer.” On va alors leur demander avec qui ils travaillent par exemple. S’ils nous répondent qu’ils travaillent avec des entreprises américaines, on va leur suggérer des partenaires plus proches. On est par exemple en lien avec une association géniale, Wake Up café, qui facilite la réinsertion sociale des prisonniers.
Ton livre est sorti très récemment, en avril 2021, peux-tu m’en parler ?
Il s’appelle Ma génération va changer le monde, sorti aux éditions de l’Aube, le 22 avril. J’essaie d’y décrire, comme ce que je viens de faire avec toi, mon parcours personnel engagé et surtout comment j’ai rencontré l’optimisme, la France des solutions. Et surtout j’essaie de donner des solutions au-delà de l’entreprise, pour que chacun puisse trouver sa place comme j’ai l’impression d’avoir trouvé la mienne.
Quand je travaillais à l’Elysée, à mon échelle, je ne me sentais pas très utile. Là, quand je fais embaucher 8 anciens détenus ou que j’arrive à faire s’engager sur une question importante toute une entreprise, je me sens comblée. Et d’ailleurs j’assume dans le livre le côté rentable de l’engagement. C'est-à-dire que moi la première, mon engagement est sûrement égoïste. M’engager ça me rend heureuse. Pareil si un politique s’engage bien ça le conduit vers sa réélection, si une entreprise s’engage bien ça la conduit vers plus de profit. La bonne nouvelle de ce siècle c’est qu’il y a une convergence entre le bonheur personnel et le bonheur collectif.
EQUIPE
Aujourd’hui vous êtes combien dans l’entreprise ?
On est 5 aujourd’hui, on a 3 pôles :
Ecologie, développement durable
Diversité, parité, inclusion en entreprise
Mobilisation citoyenne, engagement des collaborateurs
Ce dernier pôle organise des séminaires, des temps de participation, des votes en ligne, pour permettre aux salariés des entreprises de réfléchir à leurs engagements et à la façon dont ils veulent engager leur boîte. D’ailleurs la créativité n’est jamais plus forte qu’en interne avec des salariés qui voient ce qui va et ce qui marche moins bien.
Je pense que notre plus grande valeur ajoutée chez Coalitions, c’est d’avoir inversé le prisme de l’engagement : les entreprises avaient tendance à faire de la communication sur leurs engagements avant même d’avoir agi, tandis que nous cherchons d’abord à impliquer les collaborateurs et à proposer ensuite, si besoin, de la communication. La communication est basée sur des critères de performance qu’on a définis au début. Il n’y a pas de raison de faire une pub avant même que les salariés portent le message, le comprennent et le choisissent.
CULTURE
Et toi, la mission que tu portes à l’extérieur pour plus d’engagement dans les entreprises, comment se traduit-elle en interne chez Coalitions ?
Chez nous, nous n’avons pas vraiment de règle, on est 5, on arrive bien à travailler ensemble. C’est naturel entre nous et je n’ai pas envie de mettre de règles formelles comme “recruter tel profil pour être en diversité”. La seule règle est que très rares sont les jours où l’on travaille avant 10h et après 18h. Je pense qu’un.e bon.ne collaborateur.ice est quelqu’un qui a le temps de vivre sa vie à côté.
Ensuite, lorsqu’on a plus de 5 projets en cours, on refuse des projets. On connaît nos limites et on veut pouvoir bien faire les choses.
Nous n’avons pas vraiment de mécanisme de concurrence. On s’échange des projets avec d’autres boîtes complémentaires. On se rend service. Une boîte d’événementiel s’occupe des sujets événementiels par exemple et nous n’avons pas eu besoin de signer un contrat, ça s’est fait naturellement. On échange entre nous sur différentes problématiques. Nous n’avons pas tout en interne et on ne veut pas avoir tout en interne. Ce sont de nouvelles manières de fonctionner.
Je pense qu’il n’y a pas besoin d’être toujours dans une quête du profit et à mon avis, c’est comme cela qu’on trouve notre bien être. Je ne suis pas contre le capitalisme, je pense que la force du capitalisme c’est sa souplesse. C’est de se dire qu’avoir une entreprise ou l’on est 5 ou 10 et où l’on peut rémunérer tout le monde, c’est bien. Tout est une question de balance et je pense que chez Coalitions, nous avons cette notion de balance.
Enfin, il n’y a pas de filtre quand on se parle, tant que ça reste bienveillant et respectueux. Quand une entreprise grandit, il y a besoin de quelques règles parce qu'on ne peut pas avoir une vision sur tout et sur tout le monde, mais quand on a une petite boîte et qu’on partage les mêmes valeurs, ça fonctionne très bien comme ça.
RECUTEMENTS
As-tu des recrutements de prévu sur les prochains mois ?
Oui beaucoup. On recrute des stagiaires et alternants et des profils en CDD/CDI sur les parties commerciale, organisationnelle et gestion de projets.
On est beaucoup sollicité, donc la meilleure chose à faire c’est de nous écrire sur le site de Coalitions.
Qu’est-ce que tu attends ou recherches chez tes futurs collaborateurs ?
On est ouvert aux profils : La chef de projet senior par exemple faisait avant du management public pour les hôpitaux et les EHPAD.
Selon les profils et les besoins, il y a des compétences requises. Après j’ai surtout besoin qu’on partage les mêmes envies, les mêmes valeurs et de la bienveillance.
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