Et si j'accompagnais les personnes réfugiées en France dans leur employabilité ?
Selon l’INSEE, en 2020, 6,8 millions de personnes immigrées vivent en France, et quatre sur dix ne parlent pas ou peu le français lors de leur premier emploi. Pourtant, le volet linguistique est important pour leur intégration : pour trouver un emploi, exercer leurs fonctions citoyennes ou encore accompagner la scolarité de leurs enfants.
Des associations sont présentes sur le territoire français, pour les accompagner dans leur intégration. Abajad est l’une d’entre elles. Née en mars 2018, elle a pour mission d’accompagner les personnes qui ne maîtrisent pas le français à trouver du travail, grâce à des formations en Français. Elle est une entreprise naissante depuis janvier 2021.
Dounia Hannach, la fondatrice de l’association m'a raconté pourquoi elle a eu envie de venir en aide aux personnes ne maîtrisant pas le français.
Voici son histoire...
CRÉATION ET HISTOIRE
Peux-tu nous parler d’Abajad ?
Abajad est une association qui a pour but d’accélérer l’employabilité des personnes qui ne maîtrisent pas le français. Ce projet répond à deux besoins que j’ai chez moi : celui de transmettre et celui d’intégrer le côté social à mon travail. Ceux-sont mes parents qui m’ont transmis ce besoin d’aider les autres, en particulier ma maman, qui avait lancé une association pour les enfants orphelins. Ce projet est aussi lié à ma formation initiale : je suis professeure de français et ingénieure de formation.
À un moment dans mon parcours j’ai eu la chance de rencontrer ce public réfugié, qui à été un véritable coup de cœur. Pour lui, c’était un besoin vital d’apprendre le français pour s’intégrer. Il voulait retrouver une dignité par le travail mais il était bloqué par la barrière de la langue : ces personnes ne pouvaient pas passer d’entretien en français. En travaillant avec elles, j’ai pu mêler le côté social et transmission et sentir directement l’impact de mon action.
Les personnes que tu aides chez Abajad ont quel âge ?
Il faut que la personne soit majeure et employable.
Comment se déroule la formation ?
Je fonctionne par session de formation. On propose des sessions par thématiques. En ce moment on a par exemple été financé pour des formations autour du maraîchage. La spécificité d’Abajad, est que l’on travaille le français autour de métiers. Le matin on fait du français et l’après-midi on va mettre en pratique la langue, pour ancrer les apprentissages.
Et puis, Abajad ce n’est pas que ça, on a aussi une dimension sociale. On fournit par exemple un repas le midi. On fait en sorte de pouvoir répondre aux problématiques administratives des apprenants. On offre des cahiers, des livres et des stylos.
Est-ce que vous accompagnez aussi la réinsertion professionnelle ?
Tout à fait. Après la formation on à un suivi post formation avec l'équipe des mentors. Il y a une connexion établie avec des entreprises partenaires. Il y a aussi un bilan de compétences réalisé sur les bases de ce que la personne a pu faire dans son pays auparavant et sur ce qu’elle aimerait faire en France. En France, on privilégie les diplômés aux compétences donc on doit prendre ça en compte pour les accompagner aussi.
As-tu des belles histoires que tu aimerais partager ?
Oui des personnes qui ont vécu à la rue et qui m’ont impressionnées par leur ténacité et leur volonté de s’en sortir. Dernièrement, malgré le contexte Covid, il y avait toujours cette volonté d’apprendre et de trouver du travail. Nous pouvons les diriger facilement vers des entreprises en mettant en avant leurs softs skills : la ténacité dont je parlais, leur assiduité et leur ponctualité par exemple.
EQUIPE
Vous êtes combien dans le groupe Abajad ?
On est 7. Il y a une cheffe de projet, une chargée de développement et partenariats, une personne chargée de la pédagogie, on a des assistants en service civique, deux stagiaires en communication. Et moi qui chapeaute tout le monde.
Où sont vos bureaux ?
Nous avons un bureau dans le 14ème, un deuxième à Malakoff, et j’ai la chance d’être incubée à Station F également. Je privilégie le présentiel pour qu'on puisse être réactif pour les apprenants.
Qu’est ce qui fait que vous êtes une équipe ? Qu’est ce qui vous unit ?
Lors de mes recrutements précédents, je regardais beaucoup les compétences, et en fait, les compétences ça s’acquiert. Ce qui est important c’est de partager des valeurs communes. Chez Abajad, nous sommes des travailleurs soudés, bienveillants et on à l’envie d’atteindre notre vision qui est de changer le regard envers les personnes venues d’ailleurs. On est tous différents mais on partage cette vision et c’est ce qui nous unit.
FINANCEMENT
Comment as-tu financé Abajad ?
Côté associatif on a la chance d’être subventionnés par le public et le privé : des fondations, des entreprises. Puis, on se finance via la vente de formation.
Comme nous sommes en train de monter une entreprise, on va garder le même modèle économique, qui est de faire de la vente de formation. Je suis certifié organisme de formation donc on va pouvoir utiliser les fonds de formation continue réservés à la formation professionnelle des adultes.
RECRUTEMENT
Tu as des projets de recrutement ?
Oui nous cherchons une personne en service civique en ce moment pour nous accompagner sur différentes missions.
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Qu’est ce que tu recherches chez un candidat ?
De trouver la personne qui a l’ADN Abajad.
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